Témoignages

Témoignages-ief.org

Porté par Emilie, ce site est né en réaction aux propos d’Emmanuel Macron, le 2 octobre 2020.

Soutenu désormais par l’ensemble des associations et collectifs de défense de l’IEF, ce média constituera un incroyable centre d’archives dédié intégralement à ce mode d’instruction.

Les paroles des enfants, et les récits des familles !

L'école n'est pas obligatoire ?

Nous sommes les parents de 6 enfants qui sont instruits à la maison depuis l’année 2001. Nos cinq premiers enfants ont fréquenté l’école. L’aîné y est allé jusqu’au CM2. L’instruction à la maison ne s’est pas imposée comme une évidence pour la simple et bonne raison que nous ne savions pas que cela existait ! Nous pensions, comme la majorité des français, que l’école était obligatoire !
Nous avons commencé à nous interroger parce que notre fils aîné, dyslexique, perdait pied, de plus en plus, dans les matières dites “principales”, les français et les mathématiques. Il était arrivé à un seuil de saturation tel qu’il ne parvenait plus à travailler sereinement. Ses journées d’école et de devoirs le soir qui se déroulaient dans une ambiance de fatigue nerveuse et souvent d’exaspération cumulées, rendait notre quotidien familial pesant. Nous avions un rythme de vie trop rapide pour des enfants, encore pour la plupart, en bas âge. Petit à petit, nous prenions conscience de l’aberrance d’un tel système qui ne s’organisait qu’autour de l’école et des devoirs au détriment de l’épanouissement personnel de chacun de nos enfants et de nous-même, leurs parents.
En naviguant sur internet, nous avons rencontré une maman qui nous a parlé de l’instruction à la maison. Nous nous sommes renseignés, et, peu à peu, cette solution s’est imposée à nous comme une évidence. Nous en avons parlé à notre fils aîné, qui a d’emblée accepté, avant que de se rétracter par peur, notamment, du regard extérieur sur un mode d’instruction encore méconnu. Inscrit de nouveau à l’école, il y a passé une année en regrettant ce choix.
L’année suivante, nous nous sommes plongés dans cette aventure familiale unique.

Vivre autrement les apprentissages de mes enfants

Pourquoi nous avons fait le choix de l’instruction en famille ? Pour chacun de nos enfants, les motifs ont été différents parce que nos enfants sont différents. Et, d’un point de vue général, ce choix a eu aussi de grandes implications dans notre vie familiale quotidienne. Nous avons une proportion “étonnamment” élevée d’enfants dyslexiques mais aussi, des enfants qui avancent plus vite que d’autres, et d’autres plus lentement, par le fait, si tant est que nous raisonnions encore ainsi. Ce qui n’est plus le cas, dans le cadre de l’instruction en famille. Chacun de nos enfants a adopté un rythme qui lui est propre. Les différences sont “gommées” mais chaque enfant a gardé ses propres particularités.
Nous avons adapté pour chacun de nos enfants des méthodes d’apprentissages appropriées. Plus nous avançons, plus nous nous rendons compte à quel point les apprentissages, tels qu’ils sont dispensés aujourd’hui, ne correspondent pas à la réalité du développement de l’enfant.
“(…) il est évident que lui offrir la culture moderne de manière exhaustive est chose impossible, d’où la nécessité de lui présenter tous les facteurs de la culture; non pas par des notions détaillées au sein d’un programme imposé, mais en développant chez l’enfant autant de centre d’intérêts que possible”. Cette phrase, extraite de l’ouvrage “Eduquer le potentiel de l’enfant” et écrit par Maria Montessori, éclaire bien nos choix en matière d’éducation.

Nous pensons qu’un enfant se développe par le jeu, et, qu’il pourrait, s’il le pouvait, y consacrer la majeure partie de son temps, et ce, jusqu’à un âge avancé. A l’intérieur de cet espace, qu’est le jeu, il nous est possible, à nous parents, de trouver une place et de proposer des activités multiples et diverses sans attendre de l’enfant de la performance ou de la productivité. Maria Montessori définit ainsi l’un des principes fondamentaux du comportement de l’enfant :”(…) l’enfant doit apprendre grâce à sa propre activité, parfaitement libre de choisir ce dont il a besoin, sans que son choix ne soit remis en question“.

Elle écrit encore : “Sachant que les connaissances sont imparties de manière optimale quand il existe un désir ardent d’apprendre, cette période (6-12 ans) est celle où peuvent être jetées les graines de toute chose, car l’esprit de l’enfant est comme une terre fertile prête à recevoir ce qui s’épanouira par la suite sous forme de culture.” Si l’intérêt de l’enfant est déçu, il risquera de s’opposer pour s’opposer. Si son intérêt est cultivé tardivement, il pourra même s’éteindre.

Dans une société, où l’enfant ne dispose que de très peu de temps pour lui parce que sans cesse sollicité, sans évoquer la possibilité de ne rien faire du tout, si tant est que cela soit possible pour un enfant, nous pensons qu’il lui est difficile de trouver sa propre place. Il subit plus qu’il ne vit sa propre vie.
Nous pensons que nos enfants sont uniques et qu’ils ont chacun à vivre des expériences qui leur sont spécifiques.
L’instruction en famille nous offre la possibilité d’être à l’écoute des intérêts de nos enfants. Nous pensons que c’est à nous, parents ou adultes, de nous adapter à nos enfants, plutôt que demander à nos enfants de s’adapter à un monde d’adultes qui ne leur correspond pas.

Notre chemin vers l'IEF

Nous sommes les parents de 3 enfants dont l’aînée a 4 ans. Je crois que j’ai toujours su que mes enfants n’iraient pas à l’école. Pour mon mari, cela est venu tout doucement. Comme beaucoup de monde, il ne savait pas que l’école n’est pas obligatoire. Au début, il s’est inquiété d’une éventuelle marginalisation. Puis de savoir si nous pourrions instruire nos enfants. Puis du regard des autres. Grâce à Internet, nous avons pu “rencontrer” d’autres familles dont les enfants ne vont pas à l’école. Cela l’a beaucoup rassuré de savoir que de nombreux enfants en France ne sont pas scolarisés. Les témoignages lus ici et là ont fini de le convaincre. Il ne se sent pas (pas encore) capable d’instruire nos enfants, mais il me fait confiance. Je ne sais pas si je saurai instruire nos enfants, mais je leur fais confiance. Chaque jour, je les vois apprendre, chercher à comprendre, découvrir. Chaque jour, ils grandissent un peu plus, savent un peu plus. Nos enfants grandissent à leur rythme, et apprennent de nombreuses choses dans leurs jeux ou en nous accompagnant dans notre vie.
Mes enfants sont encore d’âge préscolaire, je ne suis donc pas soumise à l’obligation d’instruction. Dans deux ans, je serai contrôlée pour la première fois afin de déterminer si les choix pédagogiques que je/nous faisons permettent effectivement à nos enfants d’acquérir un savoir et une culture générale suffisante (c’est à dire qu’ils aient un niveau d’instruction comparable aux autres enfants à 16 ans). Je n’ai pas encore déterminé de projet pédagogique particulier ; il me paraît important de faire des choix en fonction du moment et de l’enfant. Je me suis intéressée aux différentes manières de transmettre les savoirs. Il y en a tant ! Et cette diversité me conforte dans l’idée que chaque enfant a sa façon d’appréhender le monde, son chemin propre vers le savoir.

Pourquoi nous avons choisi l'IEF ?

Je suis maman d’une petite fille de 8 ans qui n’a jamais été scolarisée, mon mari et moi n’ayant à aucun moment envisagé de le faire. C’est le choix plus large d’un mode de vie plutôt que d’une option pédagogique, bien que cet aspect ait aussi son importance. Sont primordiaux pour nous le respect de notre enfant, de ses rythmes, de ses goûts et de ses intérêts, de sa personnalité et de sa créativité. Nous pensons que l’être humain a besoin de bases solides pour se construire et se connaître et que nous, ses parents, sommes les mieux placés pour l’accompagner dans l’amour, la confiance et le respect.

L'IEF, juste un choix éducatif de plus pour les parents

Contrairement à beaucoup de parents, l’option école à la maison est dans mon champ du possible éducatif depuis très longtemps. En fait, je connaissais déjà quand j’étais au primaire, des enfants instruits par leurs parents et cela me semblait très naturel. Quand mon fils Q. a présenté de grosses difficultés d’adaptation à l’école, il m’a été simple de prendre la décision de le retirer du cursus classique, pour lui permettre de se concentrer sur des objectifs positifs : découvrir le monde qui l’entoure plutôt que d’être obligé de s’y fondre. Il y a des enfants qui préfèrent observer que participer. Q. en fait partie, mais le système scolaire ne permet pas à ces enfants d’aller leur petit bonhomme de chemin car il est difficile de savoir où ils en sont, ce qu’ils savent et comment ils l’ont assimilé. Bien sûr, j’ai entendu comme tous les parents le fameux « il s’y fera, il faut lui laisser le temps » ; J’ai estimé que 2 ans était un temps déjà bien long pour un enfant de 4 ans et qu’il avait le droit d’être différent. De plus, il devait cumuler l’adaptation à l’école et à une nouvelle famille. Il s’est retrouvé avec un beau-père, un grand frère et une grande sœur (nos trois enfants se sont vite appelés ainsi entre eux sans que nous intervenions de quelques manières que ce soit) en même temps presque. Je savais que l’école n’est pas obligatoire, c’est l’instruction qui l’est. J’ignorais pour combien de temps nous choisirions cette possibilité éducative, juste pour un an…pour toute sa scolarité ? Mais je savais qu’il me fallait m’organiser pour être un minimum efficace et connaître la loi. Heureusement, j’ai eu accès à Internet à cette période, ce qui m’a permis de très rapidement connaître d’autres personnes qui pratiquaient l’instruction en famille et d’avoir les renseignements indispensables. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’il faut beaucoup moins de temps et d’énergie pour enseigner à un enfant à la maison qu’à l’école. Je ne voyais donc aucune raison de m’arrêter de travailler, d’autant plus que mes horaires sont souples, puisque j’avais toutes mes matinées de libres et que je commençais le lundi, mardi et jeudi à 16 heures. J’ai bien compris l’enjeu que représente pour beaucoup la fameuse socialisation. J’ai donc inscrit Q. à différentes activités pour qu’il rencontre d’autres enfants. Mais, même si les activités lui plaisaient, il n’était visiblement pas intéressé pour lier des contacts. Il fallait reconnaître que c’est un solitaire sociable. Il n’aime pas les grands groupes et ma foi, combien d’adultes sont comme lui sans qu’on le leur reproche. Puis sa petite sœur est arrivée, et son petit frère. Il n’a toujours pas envie d’aller à l’école. Il a beaucoup évolué, se sent plus sûr de lui, apprécie d’avoir des copains et ne craint plus les nouvelles situations. C’est un passionné de lecture, de jeux vidéo, d’ordinateur comme beaucoup de garçons de son âge. Il a de grandes connaissances en histoire et en géographie. Il a mis du temps pour apprécier d’autres choses comme l’écriture, mais je savais que ça viendrait puisqu’il aime lire. Il faut souvent le motiver car c’est un grand rêveur et c’est un trait de caractère qui lui aurait sans doute valu un redoublement ou des jugements négatifs et à l’emporte-pièce sur ses compétences. Ce type d’instruction, l’école à la maison, lui a parfaitement correspondu. C’est ce qu’il lui fallait jusqu’à présent. Pour combien de temps encore, je n’en sais rien. Sa petite sœur qui a maintenant 4 ans, a un caractère très différent. A sa demande souvent renouvelée, nous avons accepté avec son père qu’elle aille à l’école cette année. Elle s’y plait. Nous verrons aussi d’année en année  quel type d’instruction lui correspondra le mieux, et il en sera de même pour le plus jeune.

Mon idéal serait qu’une alternative comme le freeschooling de Grande-Bretagne puisse être admis en France. Il s’agit de période d’alternance entre l’école et la maison. Ce peut être sur une semaine, certains cours à la maison, d’autres à l’école ; ce qui permet d’utiliser du matériel particulier en sport ou en chimie par exemple et de faire des travaux de groupes. Mais ce peut être aussi sur d’autres types de périodes, pour des voyages scolaires par exemple. Je sais que certains vont m’accuser de vouloir le beurre, l’argent du beurre et la crémière. S’ils souhaitent me développer leurs arguments, je suis prête à les écouter et à leur donner les miens. Parce que je suis attachée au principe de démocratie français, je pense qu’il est possible de faire cohabiter plusieurs systèmes éducatifs différents pour respecter les différences individuelles en permettant à chaque individu de se réaliser pleinement et l’enfance est  de ce point de vue une période unique.

Dépression du jeune enfant
Il y a dix ans, G. faisait sa rentrée, à trois ans et demi à l’école maternelle.
Il faut signaler qu’il avait été l’année précédente dans un jardin d’éveil : une quinzaine d’enfants, deux animatrices chaleureuses et compétentes, une arrivée étalée des enfants le matin entre 7h1/2 et 9h1/2… Il s’était très bien adapté à cette collectivité.
Après deux jours assez enthousiastes à l’école, G. a changé d’avis. Un matin, impossible de le laisser, il pleurait et voulait rentrer à la maison, nous avons rebroussé chemin.
G. maîtrisait mal le langage et il m’était difficile de savoir ce qui pouvait bien se passer à l’école, mais les symptômes sont devenus de plus en plus criants.
Il pleurait tout d’abord en arrivant à l’école, puis sur le chemin de l’école et de plus en plus tôt le matin. Dès qu’il se réveillait, il posait la question fatidique et commençait à pleurer, refusait de déjeuner. Puis ce fûrent les pleurs au coucher et les cauchemars, le refus de manger le soir. Il n’avait pas les mots, mais tout dans son comportement montrait son mal-être.  Infirmière-puéricultrice de formation, je n’ai eu aucun mal à reconnaître là les symptômes d’une dépression du jeune enfant.
Inutile de vous dire que, malgré la tentative de discussion, je n’ai trouvé aucun soutien auprès de l’institutrice-directrice à quelques années de la retraite et utilisant des méthodes assez ancestrales. Notre vision de l’éducation était trop éloignée de ce qu’elle proposait dans sa classe et G. a cessé, au bout de 15 jours, d’aller à l’école.
Impossible à l’époque de trouver un soutien quelconque, un changement de classe n’était pas accepté par la mairie, l’école Montessori d’un village voisin était hors de prix pour notre budget. Et lorsque nous avons parlé de ne pas le mettre à l’école cette année là, ce fût une levée de bouclier totale de la part de tous. Je savais que la maternelle n’était pas obligatoire (j’ignorais que c’était uniquement l’instruction entre 6 et 16 ans qui l’était), ne souhaitant pas qu’il commence une bonne quinzaine d’année d’école dans de mauvaise condition, nous n’avons vu que la possibilité de le déscolariser pour cette année scolaire. Il nous a fallu bien du courage pour prendre cette décision alors que tout le monde nous le déconseillait.

Beaucoup de temps a été nécessaire pour retrouver le petit garçon confiant et épanouit que nous connaissions ; il était devenu impossible de le laisser chez la voisine le temps d’une course, il avait perdu toute la sécurité déjà acquise.
En discutant avec des parents ayant vécu les mêmes évènements, je constate qu’il faut invariablement compter de 4 à 6 mois pour que l’enfant reconstruise sa confiance dans l’adulte et dans la vie et son sentiment de sécurité.
Finalement, d’années en années nous avons reconduit cette décision, non plus pour un problème d’adaptation à l’école mais par choix de vie.
Étonnamment, d’une situation difficile et douloureuse au début nous avons fait un vrai chemin de vie qui nous apporte beaucoup de bonheur au quotidien.

Notre pratique de l'IEF
Notre pratique d’IEF avec nos trois enfants a beaucoup varié en dix ans. 
Les débuts furent hésitants lorsque notre aîné avait trois ans et demi, il fallut trouver une façon de faire satisfaisante pour tout le monde devant cette situation inattendue. Nous avons poursuivi les activités manuelles variées que nous faisions déjà avant la tentative de scolarisation,  les sorties très fréquentes pour défouler ces trois petits garçons remuants (un aîné et des jumeaux de deux années plus jeunes). Ces sorties étaient diverses : en pleine nature sujet passionnant pour les enfants, bibliothèque, ludothèque, musées, visites de ferme ou boulangerie… Nous avons ajouté l’apprentissage précoce de la lecture, les mathématiques ludiques avec les réglettes Cuisenaire, mais l’essentiel des journées était fait du quotidien et de jeux.
A partir de six ans (le primaire), nous avons augmenté progressivement le temps passé à l’étude du français et des mathématiques, donnant toujours la priorité aux sorties et découvertes sur le terrain. Il y avait peu de place pour l’écrit, les enfants ayant peu de goût pour cela. Tout dans la journée était prétexte à jeux entre les trois frères.
Quand notre aîné a eu 10 ans et ses frères 8, nous avons eu notre premier contrôle d’instruction. Les comptes-rendus ont été très positifs. Mais j’ai noté à cette occasion les difficultés de mes enfants, dues à leur méconnaissance des techniques de l’Education nationale. Dans le but de rendre les contrôles plus confortables, et une éventuelle scolarisation plus aisée, insidieusement, nous avons glissé vers un travail plus scolaire, plus classique, qui s’inspirait plus de ce que propose l’Education nationale.
Trois ans plus tard, j’ai réalisé que nous perdions petit à petit en richesse à suivre cette ligne de conduite. Nous avons réajusté notre façon de travailler, grâce  notamment à des échanges avec des familles pratiquant également l’instruction en famille.
Notre vie est, depuis trois ans, partagée entre la Bretagne pour une majeure partie de l’année, où le rythme de travail est assez régulier et des séjours à Paris, où l’on travaille beaucoup dans les musées, et où sont favorisées les rencontres avec d’autres enfants non scolarisés. Aujourd’hui, les enfants ont tous l’âge d’être collégiens, ils peuvent encore passer leurs journées à jouer ensemble. De plus en plus nous nous éloignons des programmes, même si nous gardons toujours un œil dessus,  pour suivre nos centres d’intérêts propres. Nous pratiquons une pédagogie bien particulière à notre famille qui continue d’évoluer en fonction des événements.
Pour ceux qui doutent

F. est rentrée à l’école en septembre 2002 en petite section, elle n’avait pas encore 3 ans. Pour son père et pour moi, il n’y avait pas d’alternative, l’école était le passage obligatoire afin de devenir plus tard un adulte épanoui. Nous ne connaissions que ce mode d’instruction.
Mon mari avait détesté l’école autant que moi, j’avais adoré… Il était impensable, pour moi, d’imaginer que l’école ne pourrait pas apporter tout ce dont un enfant a besoin : instruction, amis, épanouissement personnel, découverte du monde extérieur, confrontation aux difficultés de la vie en communauté, etc….

La petite section s’est bien passée, enfin, du point de vue de la maman “non consciente” de l’époque, qui ne se posait alors aucune question. F. prenait le bus le matin, allait à l’école toute la journée et une nounou la récupérait le soir à la garderie pour la garder à la maison en attendant que je rentre du travail.

A la rentrée suivante, ne travaillant plus, j’ai allégé la journée scolaire de F. … elle prenait toujours le bus le matin, mangeait toujours à la cantine, mais n’allait plus à la garderie le soir. Je la récupérais, un peu paniquée de devoir passer 2h de plus avec elle, à 16h30…

C’est en novembre puis décembre de cette année-là que les choses ont commencé à m’inquiéter. Plusieurs convocations de la part des maîtresses de F. (elle en avait 2) pour nous dire qu’il y avait un problème… que F. n’était pas attentive, qu’elle avait un retard de langage, qu’elle ne suivait pas bien en classe (moyenne section), qu’elle avait du mal avec ses fiches, qu’elle était renfermée (heu… vous êtes certaines de parler de la même F. ???, le petit démon que j’ai à la maison ???)…

Ces rendez-vous ont commencé à alerter mon coeur de maman, toujours pas “consciente” des besoins de sa fille… L’école, ben, il fallait qu’elle s’y fasse puisque c’est obligatoire !!! Comment peut-elle ne pas aimer l’école ??? C’est génial pourtant ???

Je commence à aller sur des forums de parents pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. Et là… d’un coup, on me dit qu’il n’y a pas que l’école et qu’un enfant peut être instruit en famille, chez lui, en suivant son rythme…

Je lis les messages et je me dis “mais ils sont barges ces gens-là !!! Il faut être complètement inconscients pour enfermer des enfants à la maison, les faire travailler, les enlever de l’école… c’est quoi ces marginaux ???” et je claque la porte aux discussions.

Décembre passe… janvier arrive et F. tombe très malade (plusieurs jours à 40° de fièvre, elle maigrit beaucoup, dort de plus en plus…). Le matin, je n’arrive plus à la réveiller, elle veut faire la sieste mais à l’école, ils refusent de la prendre parce qu’à 4 ans, ben on ne fait plus la sieste… Je vois ma puce s’éteindre de plus en plus, ne plus sourire, ne plus jouer, s’endormir pendant le goûter…

Un soir, alors qu’elle est dans sa chambre, je l’entends jouer avec ses peluches… elle joue à l’école.

– “tu es vilain, méchant… je déchire ton travail et tu es puni… monte sur la table, mets les mains sur la tête et dis devant tout le monde que tu vas balayer les rues plus tard parce que tu es un âne à l’école !!!” et tout ceci en hurlant !!!

Mon coeur s’arrête ! J’entre dans la chambre, je demande à F. ce qu’elle fait et elle me répond qu’elle joue à l’école et qu’elle fait comme une de ses maîtresses… puis elle fond en larmes en me disant que son travail va toujours dans la poubelle, qu’elle est nulle, qu’elle ne sait rien faire et que l’école c’est trop dur.

Je fonds en larmes avec elle et je demande un rdv avec une de ses maîtresses (celle que F. aime) pour parler de l’autre maîtresse (elles sont à mi-temps).

Nous nous apercevons que les deux maîtresses ne s’entendent pas, qu’elles ne suivent pas le même programme… que F. se renferme de plus en plus sur elle. En discutant avec d’autres parents, nous nous rendons compte que plusieurs enfants sont terrorisés par leur maîtresse… des mamans, voisines de l’école, nous confirment les cris incessants de l’institutrice, les humiliations…

F. est toujours très fatiguée et une prise de sang nous confirme qu’elle a une mononucléose infectieuse. Nous la retirons de l’école afin qu’elle puisse se reposer, et surtout retrouver la joie de vivre.

Je ne suis toujours pas prête à entendre parler d’instruction en famille (ah la la, ce poids de l’éducation, de notre passé…). Mais j’entends F. et je la laisse souffler.

Toujours dans la peur de lui faire prendre du retard, je commence à m’interroger sur la manière de continuer le programme pendant sa convalescence à la maison afin qu’elle ne soit pas perdue à la rentrée prochaine… Je recontacte alors une personne qui m’avait dit comment elle fonctionnait avec sa fille (mais je ne me sens pas prête à assumer les cours de moyenne section !!!). Je commande les cours Hattemer Maternelle 1 et nous suivons le programme jusqu’au mois de juin.

Entre temps, je rencontre plusieurs familles qui font l’école à la maison dans mon secteur. Au départ, je les trouve un peu “bizarres”… dans le sens où je ne comprends pas que l’on puisse “choisir” de faire l’école à la maison.

Puis petit à petit, mon coeur et mon esprit s’ouvrent, je suis prête… l’organisation avec F. n’est pas encore au top, nous tâtonnons, je deviens une pro du surfage sur internet (sites, pédagogie, listes de discussions)… je dévore les expériences des unes et des autres concernant l’instruction en famille… avec mon mari , nous participons à des rencontres.

Notre vie est en train de changer… !

Les vacances d’été passent, septembre approche et nous décidons de continuer l’aventure de l’instruction en famille pour la grande section (toujours avec des cours par correspondance – ça me rassure, ça rassure le papa, ça rassure la famille…).

Et voilà, désormais nous sommes en CP (je dis nous, parce que j’ai vraiment l’impression de faire partie de cette instruction commune si enrichissante), et nous nous dirigeons avec beaucoup de sérénité vers le CE1 toujours à la maison.

La seule chose que je regrette encore, c’est de ne pas avoir le courage de lâcher les cours par correspondance… mais qui sait, un jour peut-être ???

Je remercie chaque jour ma fille pour ces moments si riches qu’elle m’apporte. Je la remercie pour m’avoir guidée dans ce chemin merveilleux de l’instruction en famille, et finalement, je remercie quelque part l’instutrice tyrannique qu’elle a eue en moyenne section, elle nous aura également guidés (par la force des choses) vers la scolarisation à la maison.

Un grand merci aussi à tous ceux qui me paraissaient si “bizarres”, à mes amies qui m’ont aidée dans mon cheminement personnel, sans jugement, en douceur, en acceptant mes peurs et en répondant avec tant de patience à toutes mes interrogations (S. , A. , V. , C. , …)

A F. … ma lumière quotidienne

Mon fils ira-t-il à l'école ?

Un article paru dans le magazine Les Plumes n°5 (juin 2007)

L'IEF vu par un papa

Article paru dans le magazine Les Plumes n° 10 (juin 2009)

Je redécouvre mes enfants

Article paru dans le magazine Les Plumes n° 19 (septembre 2012)

Une aventure qui dure

J’ai rencontré une famille qui pratiquait l’instruction en famille (IEF) lorsque mon aînée avait 1 an. La maman appliquait la pédagogie Montessori que j’ai trouvée vraiment géniale et dont la philosophie correspondait vraiment à ce dont j’avais envie. Lorsque mon second a eu 1 an, j’ai commencé à suivre une formation à cette pédagogie. Je n’avais pas encore l’idée d’instruire mes enfants à la maison car j’étais plutôt nulle en orthographe mais je me posais des questions par rapport à la dyslexie très présente du côté de mon mari et la méthode globale trop présente à l’école. La méthode de lecture Montessori étant très simple à mettre en place, j’ai commencé et mon aînée n’a eu aucun souci de dysfonctionnement. Elle savait parfaitement lire à 5 ans ½ et se serait ennuyée en rentrant en CP anticipé. Nous avons continué et décidé à chaque rentrée de poursuivre encore une année de plus. À 17, 15 et 10 ans, mes enfants ont toujours été en IEF. Depuis plusieurs années, c’est leur choix.

Forcément, en tant que parents, nous avons des points forts et des points faibles ! Pour les points faibles en maths ou en français, nous pouvons nous appuyer sur de bonnes méthodes. Personnellement, j’ai réappris la grammaire et la conjugaison en même temps que mon aînée avec Maria Montessori. Pour les autres matières, nous cherchons ensemble ! Aujourd’hui, les supports ne manquent pas entre les librairies, bibliothèques, documentaires… et Internet. L’enfant apprend ainsi à apprendre, à trier les informations, à analyser, résumer… Nous ne suivons pas les programmes officiels, lorsqu’un sujet passionne, nous l’exploitons à fond. Finalement, je me rends compte que mes enfants retiennent énormément. Pour moi, un bon enseignant est quelqu’un qui développe le désir de découvrir et d’apprendre et qui se met à la portée de celui qui apprend : comprendre comment il fonctionne et adapter sa manière de faire. Un parent est parfaitement apte pour cela. D’ailleurs, un parent est très créatif pour arriver à trouver ‘’la’’ meilleure méthode qui convient à son enfant. Et les parents sont en général très compétents pour aider leurs enfants à faire leurs devoirs et éventuellement refaire les leçons !

La socialisation des enfants instruits en famille, question qui hante les détracteurs, est pour moi un faux problème. Comme depuis toujours, ce sont les parents qui socialisent leurs enfants, qui les préparent à la vie en société. Rien de nouveau ! À part peut-être que l’EN aimerait éduquer nos enfants à notre place en nous faisant croire qu’elle a le monopole de la socialisation, mais non ! L’école peut y contribuer, c’est tout. Sa mission est d’instruire.

Je constate que mes enfants sont heureux d’être instruits à la maison, ils sont heureux lorsqu’ils sont en groupe, ont de bonnes relations et sont à l’aise avec tous ceux qu’ils rencontrent, peu importe l’âge.

Chacun de mes enfants a pu développer sa personnalité, ses aspirations et des passions. Ils ont pu le faire car, en étant instruits à la maison, ils ont plus de temps. Ils ne travaillent académiquement que le matin et l’enseignement étant personnalisé, l’organisation est optimisée ; ils avancent à leur rythme et ne subissent pas de pressions, de comparaison, de compétitions ; comme nous ne suivons pas les programmes de l’EN et qu’ils choisissent les sujets qu’ils veulent approfondir, la motivation est optimum, ce qui renforce l’estime de soi.

À l’école, mon second aurait été identifié hyperactif et serait devenu dyslexique. À la maison, nous faisons du ‘’sur mesure’’ afin que les énergies soient canalisées et les dysfonctionnements évités.

Témoin : Sylvie (3 enfants de 18, 16 et 11 ans)

Espérer, aimer et rêver

Régulièrement, je fais le point sur mon choix d’instruire mes enfants en famille. Etant donné que depuis pas mal d’années mon choix est devenu celui des deux plus grands et que depuis moins longtemps, il est devenu aussi celui de mon dernier, je peux déjà me dire qu’ils sont pleinement satisfaits de notre façon de vivre. Je tiens à dire pour les adhérents récents que je ne n’ai pas instruit mes enfants à la maison pour des raisons contre l’école, je n’avais pas le moindre ressentiment envers l’Education nationale à mes débuts bien que je m’y sois toujours ennuyée. Mon choix a été motivé uniquement par le bien de mes enfants et notre bien familial.

Après 16 ans d’instruction en famille, je me demande ce qui a été le plus profitable et le plus bénéfique pour nous. Voir mes enfants grandir, s’épanouir, découvrir et développer des passions bien-sûr, et c’est important. Mais n’y aurait-il pas quelque chose de plus profond encore ? Quelque chose qui leur aurait permis justement de s’épanouir pleinement, de découvrir et développer leurs passions ? En lisant par hasard cette citation de Georges Bernanos : « Le monde moderne n’a pas le temps d’espérer, ni d’aimer, ni de rêver », je me dis que ce sont bien là des notions essentielles que nous vivons pleinement dans notre quotidien d’instruction en famille et qui aident pleinement à la construction de l’enfant.

Espérer, car l’espérance nous permet d’avancer, de faire des projets, de nous dépasser. Il est difficile aujourd’hui de garder l’espérance au milieu du monde où nous vivons, déjà pour nous adultes, et surtout pour nos enfants. Quel monde leur laissons-nous ? Cela peut être plutôt déprimant pour certains tempéraments notamment, à moins d’avoir la capacité de donner son énergie pour être le meilleur et avoir la meilleure place. Quoi de plus naturel pour chasser la déprime que de se ressourcer en famille ! Comme dit Pestalozzi à propos de la famille : « Oh, c’est un lieu sacré que la demeure des hommes ; là, on apprend à se connaître, à se comprendre ; là, tout parle au cœur ; là, on s’aime comme nulle part ailleurs au monde ; là, tout est calme et tranquille. » C’est donc le lieu idéal, en principe, pour recharger ses batteries. En vivant en famille au quotidien, l’enfant baigne dans une ambiance positive, apte à conserver son espérance et concevoir des projets.

Aimer, car nous sommes des êtres de relation et nous sommes fait pour aimer. Aimer quelqu’un, c’est vouloir son bien, c’est vouloir qu’il grandisse, qu’il s’accomplisse dans ce qu’il est réellement. À une époque où les moyens de communication sont omniprésents, qu’en est-il des relations ? La communication actuelle est fondée sur la superficialité et le mensonge. On montre uniquement ce qu’on a bien envie de montrer et si tu ne penses pas comme moi, je t’exclus de mon groupe. Peut-on avoir des relations vraies dans ce contexte ? Je partage l’idée d’Albert Jacquard[1] que l’esprit de compétition annihile la relation : « On est en train de courir dans la pire des directions, la direction de la compétition, de la destruction des uns par les autres. La compétition est le moteur de notre société occidentale. On a besoin du regard de l’autre pour devenir moi. On a besoin de tisser des liens avec l’autre et d’être dans la juste relation. Lorsqu’on est en compétition avec l’autre, je ne tisse plus de liens. À l’école, on nous apprend la compétition. Être meilleur que l’autre ». Afin de développer des relations justes avec les autres et de pouvoir aimer les autres tels qu’ils sont, nos choix de vie peuvent influer. C’est donc bien dans cet optique que j’ai commencé à instruire mes enfants : pour leur épanouissement, leur construction personnelle et également pour qu’ils développent un mode de relation juste et vraie et qu’ils puissent aimer vraiment à leur tour, en voulant le meilleur pour les autres. Bref, la socialisation, quoi !

Rêver, car le rêve nous permet de construire du neuf, d’imaginer et de créer. Déjà, il faut du temps pour rêver ! Ah ! le temps… c’est une denrée rare aujourd’hui, même pour les enfants, qui ont souvent un agenda de ministre. L’imagination, c’est la capacité à voir ce qui ne peut être vu, à extrapoler la réalité invisible ou inconnue à partir de données connues. Cette imagination décrite par Maria Montessori n’a rien à voir avec l’imaginaire, ensemble de choses qui n’existent pas et qui envahissent de plus en plus notre quotidien. Mais pour avoir un bon imaginaire, il faut cultiver une bonne imagination, s’ouvrir au monde et savoir sortir des sentiers battus. Albert Jacquard affirme : « La compétition ne fait que sélectionner les plus conformes. Les conformistes ne sont pas capables d’imagination. » En instruisant nos enfants à la maison, nous sortons vraiment des sentiers battus et pouvons offrir à nos enfants du temps pour rêver, pour imaginer, pour créer.

Je pense que loin de soustraire nos enfants de la société, de les isoler, de les couper du monde comme nous pouvons l’entendre parfois, nous leur permettons de grandir et de se construire à leur rythme et selon leurs besoins et surtout d’espérer, d’aimer et de rêver. L’instruction en famille, c’est vivre, tout simplement !

Témoin : Catherine (3 enfants de 18, 16 et 11 ans

Une lectrice précoce

Notre aventure a commencé avec notre fille aînée qui a demandé à lire à 2 ans. Un an plus tard elle savait lire parfaitement, mais ne voulait toujours pas quitter la maison. Sa précocité intellectuelle ne s’est pas démentie puisqu’elle entreprenait le programme de CE1 à cinq ans. Cependant, cette avance scolaire n’était pas uniforme : notre fille avait des difficultés à écrire et sa motricité fine n’était pas assez développée.

Nous nous sommes rendu compte très tôt que cette situation, bien connue chez les enfants précoces, serait probablement une cause d’échec scolaire dans un circuit normal. Dans quelle classe aurions-nous pu la mettre pour qu’elle puisse à la fois étancher sa soif de connaissances, et prendre le temps nécessaire à l’évolution de ses capacités graphiques ?
L’instruction à la maison nous est apparue comme la solution la plus adaptée à notre fille !
Nous voyons maintenant avec bonheur que notre choix a permis à notre fille de dépasser ses difficultés sans perdre son goût d’apprendre.
Mise en place pour notre aînée, notre école a bien sûr accueilli la cadette. Aujourd’hui, elles étudient avec plaisir dans « leur » école, en famille, et rejoignent leurs camarades dans diverses activités artistiques et sportives.

Témoin : L. (maman de trois enfants de 9, 7 et 3 ans)

Le bonheur dans la maison

Lorsque l’on me demande les raisons de notre choix d’instruire nos enfants à la maison, je suis tentée de citer de multiples arguments, parmi lesquels notre désir profond d’être responsables de l’éducation de nos enfants, notre souci de leur transmettre des valeurs qui nous sont chères comme le respect des autres, la tolérance et la compassion. Je peux également ajouter la possibilité qui nous est ainsi offerte d’adapter les programmes à chacune de nos filles, de suivre leur rythme et de respecter leur individualité. Je poursuis en démontrant l’efficacité de l’instruction parentale qui permet de libérer de nombreuses heures pour des activités sportives, culturelles et artistiques, ou bien encore pour jouer et rêver. Je n’oublie pas de mentionner notre méfiance face à une socialisation précoce et intense. Mais au-delà de ces convictions, le sentiment que j’essaye d’exprimer est le bonheur que nous éprouvons à être avec nos enfants. Nous regardons grandir nos filles avec étonnement et émerveillement, leur sérénité provoque notre attendrissement et notre joie. Nous voulons profiter au maximum de ces moments privilégiés. La récompense est de regarder nos deux filles complices dans leurs jeux et dans leur relation avec nous. L’un des grands avantages de l’instruction parentale est de renforcer l’unité familiale. Elle oblige à avoir des liens profonds et harmonieux avec ses enfants. Notre maison, c’est l’endroit où se construit chaque jour notre famille. La maison, c’est un refuge où nous voulons que nos filles s’épanouissent et apprennent à aimer la vie. Oui, décidément, le bonheur est à la maison.

Témoin : N. (maman de deux filles de 11 et 7 ans)

Le handicap n'est pas une fatalité

Je n’avais jamais pensé à une non scolarisation de mes filles, je n’avais jamais réfléchi à une telle éventualité. Mais j’avais l’envie d’aider mes enfants pour leurs apprentissages, de les soutenir et de les accompagner tout au long de leur scolarité et de leur vie.

Et justement, il arrive parfois qu’un petit événement change le cours d’une vie. Notre fille cadette a été diagnostiquée autiste sévère à l’âge de 2 ans. L’autisme est un handicap très lourd et très complexe, peu connu des personnels de santé. Mais le handicap n’est pas une fatalité. Une prise en charge précoce, intensive et personnalisée peut réellement repousser les limites du handicap et apporter un mieux vivre à l’enfant et à son entourage.
J’ai donc décidé de prendre en charge la vie de C., de coordonner son programme de stimulation à la maison, de faire le lien entre les professionnels qui l’accompagnent, et aussi d’organiser sa non scolarisation.
C. progresse et bénéficie d’une prise en charge pluridisciplinaire. Nous avons évité un placement en IME (Institut Médico-Educatif), nous ne voulions pas pour notre petite fille d’une vie en institution.

Depuis 3 ans, C. progresse énormément, accède au langage, progresse au niveau cognitif, devient plus autonome. Sa dernière évaluation fait état d’un autisme moyen, nous avons réellement repoussé les limites de son handicap. Le choix de l’instruction en famille était le meilleur, même s’il faut se battre contre l’administration, les progrès de C. sont notre meilleur soutien.

Témoin : E., maman de L. (6 ans 1/2 – scolarisée au CP) et de C. (5 ans – née avec autisme)

Pour aider notre fils

Je m’appelle G. et j’ai 43 ans. Ma femme est quelqu’un d’acharné. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour que notre fils réussisse à surmonter son handicap. Je l’aide du mieux que je peux pour cela, surtout pour les côtés manuels. Il est sûr qu’elle est meilleur professeur que moi car elle dispose d’un côté psychologue que je n’ai pas. Mais je suis certain qu’à nous 2 nous réussirons à aider notre fils pour lui permettre de lire, de compter et d’avoir un métier dans les mains, même si c’est avec quelques années de retard par rapport à un enfant sans soucis. Notre garçon aime bricoler, il passera sans doute un CAP ou un BEP, sera manuel mais indépendant, et nous sommes et serons fiers de lui. Je suis toujours d’accord quand il s’agit du bien-être de mon fils, de son évolution et de sa future insertion dans la vie professionnelle. L’école à la maison répondait à mes attentes, car il n’y avait plus de moqueries ni de discrimination de la part de ses copains de la classe ou de sa maîtresse de CP qui le punissait à tort, car il avait du mal à comprendre. A la maison, il a des cours adaptés à son rythme et avec autant de répétitions que nécessaire : les progrès sont spectaculaires. Au travail, je ne m’étale pas sur ma vie privée. Notre famille accepte, comprend et soutient notre choix. C’est une expérience très enrichissante que nous nous apprêtons à poursuivre avec ma fille cadette, sa jumelle, dès la rentrée prochaine.

Témoin : G. père de J-B 8 ans ief, Gwénaëlle 8 ans ief, et Gaëlle 17 ans au lycée.

La parole au père

Prendre la décision de ne pas utiliser l’outil « Education Nationale » n’est pas facile. Nous avons mis quelques années à nous décider : le temps de vérifier que notre engagement dans ce choix de vie était réel, et non seulement nourri de notre autosatisfaction à être d’accord sur le sujet, à être contre le système « imposé ». Chacun comprend que l’on passe vite pour des anarchistes de l’Education, des ermites ayant peur de laisser partir leurs enfants. Ce n’est pas le cas. Notre conviction est forte. J’étais personnellement bon élève, un très bon élève assez souvent. Mais j’étais surtout surpris que l’école fût si violente, si oppressante, si empressée à apprendre par la crainte de la punition et par la différence de niveau entre les uns et les autres, par la comparaison. Aujourd’hui, je ne suis pas étonné que l’école n’ait pas changée : les acteurs de l’école sont incapables d’analyser leur propre fonctionnement, leurs méthodes et leurs résultats. Mais comment le peut-on quand on grandit à l’école, apprend son métier à l’école et enseigne à l’école ? L’école a besoin d’ouverture et de recul, justement ce qu’elle ne peut pas s’offrir dans le système actuel. Enseigner devrait être un choix de vie à un moment de la vie de chacun, et non pas une orientation après trois malheureuses années de fac, sans aucune expérience ni recul. Les études que j’avais choisies me destinaient, par vocation et conviction, à enseigner. J’avais choisi « instituteur », ce noble représentant (croyais-je à l’époque) de l’école républicaine. Mais j’ai entrevu mes futurs « collaborateurs » et me suis aperçu que ma vision de la société et de l’enseignement ne pouvait pas correspondre avec la leur et avec celle de l’Education Nationale. Deux choix s’offraient à moi : faire le métier et subir et me taire, ou ne pas le faire. Je ne le fis pas. Mais, fidèle à mes convictions, peut-être un jour le ferai-je lorsque je serai prêt et que l’école le sera… Lorsqu’il a fallu choisir pour mes enfants, nous avions déjà réfléchi depuis quelques années à la possibilité d’enseigner nous-mêmes à nos enfants. Ca fait peur. Ca nous bouleverse. Nous sommes confrontés à nos idées, nos convictions et nos choix. Nous ne sommes plus alors dans le registre des simples mots, dans des débats philosophiques et idéologiques. Nous sommes face à notre choix de vie. L’essentiel pour moi est là : faire un choix de vie en fonction de notre vision de la société. Le nôtre est de considérer que ce que nous avons de plus important à faire sur terre est d’éduquer nos enfants, de leur enseigner la communication, l’esprit scientifique, l’esprit artistique, de leur apprendre à apprendre et à avoir l’esprit critique dans la conscience de leur intelligence globale (l’intelligence du corps, l’intelligence émotionnelle, l’intelligence du cerveau, l’intelligence spirituelle), de leur faire comprendre l’importance de leur passage, comme faisant parti d’un tout avec la connaissance des générations. Tout ce que je sais l’école incapable de faire. Si l’école le fait occasionnellement, c’est dû aux capacités de l’enfant. Je trouve l’école d’aujourd’hui perdue, incapable de s’entendre sur son objectif principal, incapable de coller au besoin individuel d’apprendre et au besoin de la société de progresser. Je trouve l’école d’aujourd’hui communiste, au sens premier du terme : elle rêve d’une uniformisation impossible et peu souhaitable de l’enseignement et des savoirs quand il faudrait insister sur les intelligences et les capacités individuelles pour plus de richesses humaines. L’école d’aujourd’hui rêve idéologiquement de l’école républicaine qu’elle fût, peut-être, avant guerre. Moi, je rêve d’avenir. C’est pourquoi je mise sur la « ressource humaine », et je commence par mes enfants.

Témoin : Christophe, papa d’Alexandra (2002)

Elle désire aller au collège

Nous avons pris en charge l’instruction de notre fille, suite à deux années catastrophiques dues en particulier à la non-prise en compte de sa lenteur à écrire, au refus de l’institutrice à avoir un échange affectif avec ses élèves. Ces événements se sont soldés par une phobie scolaire avec tous ces symptômes : maux de ventre, perte de confiance en elle, cauchemars, dysgraphie, dépression, blocage lors des contrôles et devant tout travail de lecture comportant un texte de plus de cinq lignes… A 11 ans, notre fille n’arrivait même plus à écrire sur les lignes de son cahier, son écriture était devenue illisible. Après une année passée à la maison, elle a pu reprendre le dessus. Nous ne pensions pas avoir des progrès aussi rapides ! L’instruction en famille lui a permis de se reconstruire, de se retrouver. La décision ne fut pas facile à prendre, car c’était l’inconnu pour nous. Aujourd’hui, elle désire aller au collège ; nous avons choisi un collège « différent » qui suit les enseignements de Freinet, car nous apprécions particulièrement cette pédagogie. Nous sommes contents qu’elle ne soit pas restée sur une mauvaise expérience, mais en même temps navrés que cela ait pu en arriver à ce point. La seule chose que nous regrettons, c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt.

Témoin : F & D., parents de 7 enfants instruits en famille

Le drame ds enfants précoces

Depuis avril 2001, j’instruis mes trois enfants à la maison. Mon fils aîné est officiellement reconnu précoce, mes deux autres enfants suivent le même chemin. Maltraités moralement et physiquement par le système scolaire et par leurs « camarades », leur précocité a été perçue par leurs maîtresses comme un handicap.  » Trop avancé pour son âge : louche et insidieux  » pour mon fils de 9 ans,  » élève lente et idiote  » pour ma fille de 7 ans et  » enfant autiste, trop intellectuelle, doit redoubler  » pour ma fille de 4 ans (alors en petite section) ! A tous ces commentaires portés sur les livrets scolaires et énumérés devant la classe, j’ajoute que mes enfants étaient envoyés dès février en fond de classe avec interdiction de parler car ils  » perturbaient  » la classe par leurs réponses ! Toute notre histoire constituerait un roman… Le résultat pour nos enfants : perte de confiance, cauchemars, pleurs, psychologues, déscolarisation et encore aujourd’hui, phobie de l’école, peur qu’on les y remette. J’aurais voulu que mes enfants s’intègrent dans la  » masse « , qu’ils s’épanouissent, mais l’école le leur a refusé. Aujourd’hui, ils ont repris goût aux choses simples. Il a fallu réapprendre à notre fille de 7 ans à oser, à s’exprimer, elle a perdu sa timidité. Notre fille de 4 ans, étiquetée  » autiste « , est épanouie et commence à lire et écrire. Notre fils est encore perturbé, il fait des cauchemars mais est heureux d’être à la maison et est moins souvent malade. Mon mari et moi ne sommes pas des marginaux, mais des gens ordinaires. Nous n’imaginions pas que l’on pouvait sortir du circuit classique (maternelle, école, centre aéré…), nous ne savions d’ailleurs pas que c’était légal. Nous regrettons de ne pas l’avoir fait plus tôt, car cela aurait épargné bien des souffrances à nos enfants. La seule chose dont je suis sûre est que j’aime mes enfants et que je veux qu’ils soient heureux, à l’école ou à la maison.

Témoin : F., maman de 3 enfants intellectuellement précoces

Un heureux hasard

C’est par un heureux hasard (qui n’existe pas !) que nous nous sommes lancés dans l’instruction à domicile alors que nous n’en avions jamais entendu parler auparavant ni même que cela ait effleuré nos esprits. Ma sage-femme (qui enseignait ses 5 enfants) m’a simplement vanté les mérites de la méthode Montessori en me conseillant de suivre une formation tant que mes garçons étaient encore si « petits » (23 mois pour l’aîné et 1 jour pour le cadet).Ma curiosité et mon ignorance ont hâté mon inscription et je me suis lancée les yeux grands ouverts et l’esprit en éveil dans cette formation qui m’a séduite et « réveillée » ! Aujourd’hui mes enfants ont bientôt 8 ans, 6 ans et 2 ans et j’avoue que nous ne regrettons pas ce choix parfois difficile à assumer face au regard d’une société quelque peu récalcitrante à ce mode d’enseignement. La qualité de vie, le temps offert à l’assouvissement de sa curiosité sur le Monde, sont des richesses et une force nourrissant le quotidien de connaissances et de découvertes, que parents et enfants partagent avec bonheur.

Témoin : M., maman de 3 enfants de 8, 6 et 2 ans

La seule solution

Nous avons été forcés d’ôter notre enfant de l’école publique suite à des problèmes rencontrés au sein de cette école. La venue d’une institutrice mal acceptée par plusieurs enfants et des relations avec les parents inexistantes ont amené deux ans de discussions entre les parents et le maire, et pour finir avec l’inspectrice de circonscription ; aucune concertation n’a été trouvée. Etant dans une classe unique de quatre cours, notre fille devait passer encore trois ans avec cette institutrice et notre seconde fille quatre ans. Voyant notre fille aînée totalement démotivée et refusant chaque jour un peu plus la contrainte scolaire, nous avons décidé de la changer d’école. Or la commune (340 habitants) refusant son accord, nous ne pouvions ôter notre fille de celle-ci. Aucune dérogation ne nous a été accordée alors que d’autres familles en bénéficiaient entre-temps ! Même dans ce cas extrême où plus aucune relation parents-instituteur n’était possible, il ne nous restait, au dire de l’inspectrice, « que le privé ». Or cette solution ne nous satisfaisait pas pour des raisons tant pratiques (trajets), que philosophiques. L’école à la maison a donc été pour nous la seule solution viable, même si nous avons dû faire beaucoup de sacrifices, tant professionnels que financiers. Bien nous en a pris car notre fille est depuis entièrement épanouie et se rend dans son « école » même le week-end.

Témoin : M. & M. (parents de deux filles de 9 et 6 ans)

Il riait

Nous avons rencontré des problèmes de scolarité avec nos deux premières filles depuis le CP : manque de confiance en elles, lenteur, lecture lente à acquérir chez des enfants qui par ailleurs nous prouvaient toute leur intelligence. Faisant confiance aux professionnels qui nous entouraient, nous nous sommes dit que nos enfants n’étaient pas si intelligentes que nous le pensions… Notre dernier enfant, lors de sa deuxième année de maternelle, disait ne plus vouloir aller à l’école, ne s’endormait que très difficilement le soir, se remettait à salir ses culottes et surtout commençait à devenir agressif. Après un mois de symptômes dont j’ai pris conscience lentement, j’ai désiré parler à l’institutrice. Peine perdue ! Il n’y avait aucun problème disait-elle ! Ayant été échaudée par l’histoire de mes filles que je n’avais pas prise au sérieux (j’étais trop confiante à l’époque), j’ai alors décidé, séance tenante, de le retirer de l’école maternelle. J’ai mis près de 6 mois à retrouver mon petit garçon tel que je le connaissais, mais j’ai tout de suite constaté qu’il riait à nouveau ! Nous avons alors passé tous les deux une année fantastique. Tout était source d’apprentissage, à la façon Platon (je crois que c’est lui qui discourrait avec ses étudiants et réfléchissait à partir de leurs rencontres). Le trait le plus marquant pour moi a été cette assurance qu’il a prise pour aller à la rencontre des autres, qu’ils soient adultes ou enfants, pour les questionner chaque fois qu’il était intrigué. Ayant déménagé l’année suivante, nous avons réinscrit notre enfant dans une maternelle qui était a priori satisfaisante. Cette année-là, il a petit à petit perdu cette capacité à aller vers les adultes et les interroger lorsqu’il était intrigué, dommage ! A la place, il a appris à mieux découper ! Puis à nouveau au bout de 2 ans, il faisait de plus en plus de difficultés pour aller à l’école. Sa maîtresse nous a toujours soutenu que, de son côté, il ne semblait pas y avoir de soucis. Après une consultation chez une psychologue, nous avons décidé que notre enfant ferait le CP à la maison. Et à nouveau nous retrouvons un enfant rieur et plein d’entrain.

Témoin : A. & V. (Parents de deux filles de 15 & 13 ans en lycée et collège et d’un garçon de 6 ans instruit à la maison)

Créer une autre réalité

La décision que nous avons prise d’instruire nos enfants à domicile est la conséquence logique d’une évolution personnelle, du désir d’un regard sur nous-mêmes puis de nous-mêmes avec les autres… Je n’ai aucun désir de porter sur l’école un jugement définitif et stérile. Je sais pourtant qu’elle ne m’a jamais convenu et qu’aujourd’hui elle ne convient pas aux enfants que mon mari et moi avons décidé d’élever. L’école ne demeure qu’une extension de ce qu’est la société. Cette décision s’inscrit dans une plus large perspective et ne se cantonne donc pas qu’à l’école. Il ne s’agit en aucun cas de nous marginaliser mais il ne s’agit pas non plus de se « plier » à une réalité qui ne nous correspond pas. Nous avons la volonté de créer une autre réalité, la nôtre, qui s’inscrit dans la pratique quotidienne par l’expression de valeurs que nous désirons sincèrement cultiver : le respect réel de nos enfants en tant qu’individus à part entière, l’apprentissage par l’observation de l’évolution de chacun, l’apprentissage par l’expression de chacun, l’observation des rythmes de chacun, l’apprentissage de la liberté vers une réelle autonomie en phase avec notre environnement…

Témoin : V., maman de 5 enfants âgés de 12 à 2 ans

En échec au CP

C’est une bonne idée de déscolariser avant le CP ! La méthode de lecture globale enseignée partout ne convient pas du tout à certains enfants que l’on traîne ensuite d’orthophonistes en pédopsychiatres et qui ont bien du mal à se remettre de cet « échec ». J’ai déscolarisé ma fille (8 ans) après son 2° CP, mais je ne regrette qu’une chose, c’est de l’avoir mise un jour à l’école !

Mon mari n’était pas d’accord (comme presque tous les maris), et au moment d’envoyer la lettre à l’inspecteur je lui ai demandé de prendre sa décision. Alors il a cherché « déscolarisation » sur Internet, il a contacté des associations… et la présidente de CISE a su lui parler ! Maintenant c’est lui qui (comme les autres maris) fait de la publicité pour l’instruction à la maison !

Alors confiance ! L’expérience est passionnante et ô combien enrichissante ! Et les enfants reprennent petit à petit confiance en eux…

Témoin : S. (maman de 4 enfants de 15 à 2 ans)

Avec joie

Rien ne me prédisposait à un choix aussi fantaisiste ! Mais l’idée me plaisait et l’ennui de mon fils en maternelle me désolait… Je l’ai retiré et j’ai suivi une formation à la pédagogie Montessori par passion. Aujourd’hui il a 11 ans et il n’est jamais retourné à l’école, son frère et sa sœur n’y sont jamais allés. Ils ont appris à lire, écrire et compter avec facilité et joie. Nous ne travaillons que 4 matinées par semaine, dans le respect de leurs rythmes et de leurs centres d’intérêt. Je pioche dans toutes les méthodes et cherche à leur faire découvrir quand cela est possible le jeu qui se cache dans tout travail. Ils disposent de leurs après-midi pour lire, bricoler, dessiner, jouer mais aussi faire du vélo, grimper, skier…

Depuis l’âge de 6 ou 7 ans ils sont friands d’activités extrascolaires et de compétitions sportives. Contrairement aux idées reçues, ils s’intègrent comme les autres, sont appréciés par leurs professeurs et savent ce que c’est que l’amitié. Ils sont aussi bien moins inquiets que moi à l’approche du petit contrôle scolaire qu’ils subissent tous les ans !

Témoin : H., maman de 2 garçons de 11 et 9 ans et une fille de 7 ans

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