Histoire de l’IEF

L’instruction en famille a toujours été légale en France.

1882

Loi de Jules Ferry

Si l’instruction est devenue obligatoire en France depuis la loi de Jules Ferry en 1882, le choix du mode d’instruction est toujours demeuré une liberté parentale inscrite dans le Code de l’éducation, partie législative : Article L131-2
« L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix. »

1948

Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

Elle est également inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, article 26-3 :
« Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »

1952

Protocole additionnel à la Convention européenne de sauvegardes des droits de l’Homme et des libertés fondamentales

Au niveau européen, ce droit est reconnu par le Protocole additionnel à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, article 2, protocole 1 :
« Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction. L’Etat, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques. »

1998

Priorité à l’instruction dans les établissements scolaires

Depuis la loi du 18 décembre 1998, si ce droit à la libre instruction n’est pas remis en cause, la priorité est donnée à l’instruction dans les établissements scolaires :
Loi n°98-1165 du 18 décembre 1998 tendant à renforcer le contrôle de l’obligation scolaire :
Article 1
« Le droit de l’enfant à l’instruction a pour objet de lui garantir, d’une part, l’acquisition des instruments fondamentaux du savoir, des connaissances de base, des éléments de la culture générale et, selon les choix, de la formation professionnelle et technique et, d’autre part, l’éducation lui permettant de développer sa personnalité, d’élever son niveau de formation initiale et continue, de s’insérer dans la vie sociale et professionnelle et d’exercer sa citoyenneté.
Cette instruction obligatoire est assurée prioritairement dans les établissements d’enseignement. »
Les contrôles, déjà prévus par la loi du 28 mars 1882 (article 16), sont devenus plus systématiques depuis la loi de 1998.

1999

Décret et circulaire

Le contenu des connaissances requis des enfants à domicile a d’abord été fixé par le décret n° 99-224 du 23 mars 1999 qui soulignait notamment la prise en considération des « aménagements justifiés par les choix éducatifs effectués » (article 5).

La circulaire n° 99-070 du 14 mai 1999, adressée aux recteurs d’académie, aux préfets de département, aux inspecteurs d’académie, aux membres des corps d’inspection, et aux chefs d’établissement, a donné un premier un éclairage sur la façon dont cette loi devait être mise en application, jetant la suspicion sur les familles et insistant sur la mise en danger des enfants instruits à domicile.

2000

Charte des droits fondamentaux de l’Union

Toujours au niveau européen, l’instruction en famille est reconnue par la Charte des droits fondamentaux de l’Union, Partie II de la Constitution européenne, article II-74-3 :
Droit à l’éducation
« La liberté de créer des établissements d’enseignement dans le respect des principes démocratiques, ainsi que le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses, philosophiques et pédagogiques, sont respectés selon les lois nationales qui en régissent l’exercice. »

2007

Prévention de la délinquance

Protection de l’enfance

La loi relative à la prévention de la délinquance du 5 mars 2007 a modifié l’article L131-10 du code de l’éducation afin d’étendre l’enquête bisannuelle effectuée par les mairies aux familles dont l’enfant est instruit à distance en ayant recours à un cours par correspondance agréé.
La loi réformant la protection de l’enfance du 5 mars 2007 a modifié l’article L131-10 du code de l’éducation afin de préciser l’objet du contrôle annuel effectuée par les inspecteurs de l’Education nationale en y ajoutant l’obligation de vérifier que les familles ne se regroupent pas pour instruire leurs enfants en commun.

2009

Décret sur le contenu des connaissances

Le décret n° 99-224 a été abrogé en 2009 et le contenu des connaissances requis des enfants à domicile est désormais fixé par le décret n° 2009-259 du 5 mars 2009. Celui-ci modifie et précise le contenu des connaissances requises, mais il maintient la prise en considération des « aménagements justifiés par les choix éducatifs effectués » (article 2).

2011

Circulaire précisant les objectifs du contrôle

La circulaire n° 99-070 a été remplacée par la circulaire n° 2011-238 du 26 décembre 2011 relative à l’instruction en famille. Adressée aux préfets de régions, recteurs d’académie, préfets de départements, inspecteurs d’académie-directeurs des services départementaux de l’Education nationale, ce document donne un éclairage sur la manière d’appliquer la loi, notamment concernant les contrôles. Les familles ne sont plus suspectées a priori de maltraitance et d’embrigadement sectaire ; le contrôle pédagogique doit impérativement permettre à l’inspecteur d’observer les travaux effectués par l’enfant, les tests d’évaluation étant facultatifs.

2015

Nouveau socle commun

 Le décret n° 2015-372 du 31 mars 2015 relatif au socle commun de connaissances, de compétences et de culture modifie l’objet de l’instruction obligatoire. Ce nouveau socle commun entrera en vigueur à compter de la rentrée scolaire de septembre 2016.

2016

Décret avec référence aux cycles

Le décret n° 2016-1452 du 28 octobre 2016 relatif au contrôle de l’instruction dans la famille ET des établissements d’enseignements privés hors contrat durcit les modalités de contrôle et limite drastiquement la liberté pédagogique en imposant de se référer aux cycles du socle commun de connaissances, de compétences et de culture pour l’évaluation de l’instruction. Les enfants sont désormais soumis à des exercices écrits ou oraux lors des contrôles.

2017

Circulaire sur l’enquête de mairie et les contrôles

La circulaire n° 2011-238 a été remplacée par la circulaire n° 2017-056 du 14 avril 2017 relative à l’instruction en famille. Ce nouveau texte reprend la structure de l’ancien en intégrant les changements apportés par le décret de 2016. La circulaire clarifie ce qu’est l’enquête de la mairie et insiste sur la détection des enfants non déclarés. Elle souligne la nécessité pour les inspecteurs de prendre en compte la programme pédagogique des familles lors du contrôle annuel. Bien que le décret pose les attendus de fin de cycle du socle commun de connaissances, de compétences et de culture comme référence pour ce contrôle, la circulaire précise qu’il ne s’agit en aucun cas d’une obligation de résultat, mais d’une base d’évaluation de l’instruction.

2019

Loi pour une école de la confiance

La loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance étend l’obligation d’instruction de 3 à 16 ans et impose une obligation de formation de 16 à 18 ans.

Les points à retenir :

  • il est désormais écrit dans la loi que c’est l’administration qui fixe la date, le lieu et les modalités de contrôle.
  • le contrôle sera organisé « en principe au domicile où l’enfant est instruit ».
  • si les résultats du premier contrôle sont jugés insuffisants, les personnes responsables ne sont plus invitées à fournir des explications, elles sont juste informées des insuffisances relevées et du délai avant second contrôle.
  • l’administration pourra prononcer une injonction de scolarisation suite à deux refus de contrôle sans motif légitime (aucune précision n’est donnée sur les motifs légitimes ou non).
  • la scolarisation suite à une mise en demeure pourra être faite en établissement public ou privé, sous ou hors contrat.
  • suite à une mise en demeure, l’enfant devra rester scolarisé au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire suivant celle où la mise en demeure a été prononcée.
  • les enfants non scolarisés pourront participer aux évaluations nationales si les familles le souhaitent.

2019

Décret précisant les contrôles

Le décret n°2019-823 du 2 août 2019 modifie les articles 131.12 et 131.14 et ajoute 6 nouveaux articles précisant les modalités de contrôle.

2021

Loi confortant le respect des principes de la République

La loi n° 2021-1109 du 21 août 2021 confortant le respect des principes de la République soumet l’instruction en famille à autorisation.

Les points à retenir :

  • L’autorisation est accordée pour les 4 motifs suivants :
  1. L’état de santé de l’enfant ou son handicap
  2. La pratique d’activités sportives ou artistiques intensives
  3. L’itinérance de la famille en France ou l’éloignement géographique
  4. L’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif.
  • Une instance départementale chargée de la prévention de l’évitement scolaire est mise en place.
  • Par dérogation, l’autorisation est accordée de plein droit, pour les années scolaires 2022-2023 et 2023-2024, aux enfants régulièrement instruits dans la famille au cours de l’année scolaire 2021-2022 et pour lesquels les résultats du contrôle ont été jugés suffisants.

 

Le présent article entre en vigueur à la rentrée scolaire 2022

2022

Décrets 

Le décret n° 2022-182 du 15 février 2022 relatif aux modalités de délivrance de l’autorisation d’instruction dans la famille précise les modalités de délivrance de l’autorisation d’instruction dans la famille par l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation, notamment le dépôt du dossier de demande d’autorisation d’instruction dans la famille. La demande doit être effectuée entre le 1er mars et le 31 mai de l’année précédente.

Le décret n° 2022-183 du 15 février 2022 relatif à la commission devant laquelle sont formés les recours administratifs préalables obligatoires exercés contre les décisions de refus d’autorisation d’instruction dans la famille précise les modalités d’organisation et de fonctionnement de la commission présidée par le recteur ayant à traiter des recours administratifs préalables obligatoires formés contre les décisions de refus d’autorisation d’instruction dans la famille.

Le décret n° 2022-184 du 15 février 2022 relatif à l’instance départementale chargée de la prévention de l’évitement scolaire précise l’organisation et le fonctionnement de l’instance départementale chargée de la prévention de l’évitement scolaire.

2022

Article L131-10-1 du code de l’éducation

Les personnes responsables d’un enfant qui sont autorisées à donner l’instruction dans la famille et qui ont satisfait aux obligations des contrôles effectués par l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation ou par le représentant de l’Etat dans le département bénéficient, après deux années complètes d’instruction en famille, de la valorisation des acquis de leur expérience professionnelle, dont les modalités sont déterminées par décret pris sur le rapport des ministres chargés du travail et de l’éducation.

Conformément au IV de l’article 49 de la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021, ces dispositions entrent en vigueur à la rentrée scolaire 2022.

Art. R. 131-11-5.

Lorsque la demande d’autorisation est motivée par l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif, elle comprend :

  1. Une présentation écrite du projet éducatif comportant les éléments essentiels de l’enseignement et de la pédagogie adaptés aux capacités et au rythme d’apprentissage de l’enfant, à savoir notamment :
    • Une description de la démarche et des méthodes pédagogiques mises en œuvre pour permettre à l’enfant d’acquérir les connaissances et les compétences dans chaque domaine de formation du socle commun de connaissances, de compétences et de culture ;
    • Les ressources et supports éducatifs utilisés ;
    • L’organisation du temps de l’enfant (rythme et durée des activités) ;
    • Le cas échéant, l’identité de tout organisme d’enseignement à distance participant aux apprentissages de l’enfant et une description de la teneur de sa contribution ;
  2. Toutes pièces utiles justifiant de la disponibilité de la ou des personnes chargées d’instruire l’enfant ;
  3. Une copie du diplôme du baccalauréat ou de son équivalent de la personne chargée d’instruire l’enfant. Le directeur académique des services de l’éducation nationale peut autoriser une personne pourvue d’un titre ou diplôme étranger à assurer l’instruction dans la famille, si ce titre ou diplôme étranger est comparable à un diplôme de niveau 4 du cadre national des certifications professionnelles ;
  4. Une déclaration sur l’honneur de la ou des personnes chargées d’instruire l’enfant d’assurer cette instruction majoritairement en langue française.
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